dimanche 21 mars 2010

Le grand huit de la vie

Oui, on le sait tous, la vie n'est pas un long fleuve tranquille mais plutot un grand huit avec ses hauts, ses bas, ses tres hauts, ses tres bas, ses mille virages ou on croit qu'on va tomber mais en fait non, ses parties calmes pour recuperer, bref ces sensations dont on redemande des que nos cris sont enfin entendus et que ca s'arrete...Depuis Rainbow Serpent je suis dans une periode tres heureuse de ma vie ou je goute le present le sourire aux levres, sans trop penser aux joies a venir ou a celles passees. Notre vie dans ma nouvelle maison s'installe dans une routine confortable, je commence a m'y sentir chez moi, j'y organise les premiers barbecues et Patrick a ramene une petite chatte adorable de trois mois qui fait notre joie a tous. Au boulot ce n'est que du plaisir. Rien n'est penible, surtout pas le contact avec les clients qui redoublent de 'darling' et autres gentillesses quand ils s'adressent a nous, nous demandent toujours comment on va et comment se passe notre journee (ce qui est tres commun en Australie). Nans, mon patron est toujours aussi sympa et je suis meme passee a plein temps et manager! Mes horaires sont super car je ne travaille pas le soir. J'en profite donc pour prendre des cours de chant et voir mes amis. Bref, la vie est simple et belle...




Dans ma boulangerie, Choukette Bakery










Puis il y a environ trois semaines Patrick m'appelle au boulot en fin de journee. Il me dit de rentrer immediatement car la maison a brule. Je ne sais pas trop a quoi m'attendre, ca a l'air vraiment grave. Dans les bouchons je regarde dans mon sac a main pour voir ce qu'il me reste si tout a vraiment brule. Mais surtout je me dis que quoiqu'il en soit, aucun de nous trois n'etait la, que tout le monde va bien et que c'est ca qui compte. Arrivee sur place, les pompiers et la police ont bloque la rue, je m'approche le coeur battant et constate qu'il ne reste presque plus que des cendres. Je dois avouer que nous etions tous en etat de choc. Patrick me dit dans l'oreille que j'etais juste une amie de passage pour quelques temps, je lui dis que j'etais avec une copine aujourd'hui mais apparemment dans la panique il a dit a l'inspecteur que j'aidais dans un cafe. Sur ce un policier me prend a part tout de suite pour m'interroger seule. Je prie pour qu'il ne fouille pas trop dans mon emploi du temps et surtout dans mes visas, mais il semble plutot chercher une responsabilite pour l'incendie. La aussi nous sommes inquiets et nous demandons comment ca a pu arriver mais heureusement le verdict tombe deux heures apres: c'est une prise defectueuse dans le salon. Soulagement que ce ne soit pas de notre faute, et surtout que tout le monde aille bien. Quand on voit l'etat de la maison, on se dit qu'on l'a echappe belle! Notre petit chat n'a pas survecu malheureusement, et c'est un peu dur pour nous trois.
Quoiqu'il en soit je crois que j'ai une bonne etoile: de toute la maison il ne reste qu'une seule chose a peu pres intacte au milieu de la maison: ma chambre! Apparemment j'avais ferme ma porte en partant le matin et comme tout a brule en 10 minutes, les flammes n'ont pas eu le temps de s'engouffrer a l'interieur. Il ne reste plus de toit, plus de murs et plus un objet nulle part mais tout est intact dans ma chambre, meme les habits et les livres, ou du moins pas brule car la moitie de mes affaires est quand meme detruite par l'eau et la cendre. Plus d'ordinateur et d'appareil photo donc, ce qui expliquera ce message sans illustrations ou le peu de nouvelles que j'ai donnees recemment.




Le devant de la maison et le premier etage (la chambre de Patrick)





Salon, cuisine, veranda...





Le couloir avec la porte d'entree, maintenant condamnee.






Et le miracle: ma chambre...






Tout s'est organise tres vite ensuite: premiere nuit chez Melanie et Thierry, puis emmenagement d'urgence chez Jeremi et Mathieu. Ensuite direction chez Christine et Regis (j'en profite pour faire le tour des amis!) ou je me fais une belle grippe (je soupconne la grippe A, car c'est toujours l'ete ici). Je viens desormais d'emmenager dans une nouvelle maison: une colocation avec mon amie Lucie (qui vient de Bernieres! Comme le monde est petit!), son copain et une autre fille. C'est super, on a un joli jardin avec un potager, un citronnier et un olivier, et je vais normalement enfin me poser pour quelques semaines jusqu'a mon depart de Melbourne.





L'arriere de ma nouvelle maison










Dans les jours qui ont suivi l'episode du feu, notre moral, a mes colocs et a moi, etait plutot tres bon car nous nous estimions tres chanceux que tout le monde aille bien. De mon cote, il me restait aussi la plupart de mes habits et meme mon billet pour Maitreya, le festival auquel je devais aller ce meme week-end. Certes le billet etait brule, mais on voyait juste en haut le nom du festival. Je me suis dit que j'allais y aller quand meme avec les photos de ma maison et qu'ils seraient obliges de me laisser rentrer. Depart donc le samedi apres-midi avec des amis et surtout avec trois heures de retard a cause de violents orages de grele a Melbourne et des flash floods (inondations eclairs), comme ils n'en avaient pas vues depuis quarante ans. Pour vous situer l'ampleur des degats: en dix minutes on avait de l'eau jusqu'aux genoux en centre ville, ils ont fait evacuer la plus grande gare de Melbourne en plein apres-midi, et une des rues principales s'est transformee en riviere...

Mais il nous en aurait fallu plus pour nous decrourager, d'autant plus que notre festival etait a trois heures et demie de Melbourne. Nous savions que nous serions un peu mouilles mais decidames d'y aller quand meme. Peu de surprise donc a notre arrivee, la nuit, sous la pluie, quand a l'entree on nous dit que ce n'est meme pas la peine de monter les tentes puisqu'il n'y a plus de sol, tout est de la boue, il faudrait qu'on voie ca le lendemain. Bon, Kway, chaussures de marche, motivation, de toutes facons on est la pour trois jours et on a plus le choix! Au moins ils ne m'ont pas fait trop de difficultes avec mon billet! Nous dormons dans la voiture le premier soir et allons danser entre deux averses le lendemain. Ce n'est pas le temps ideal mais c'est gerable et nous sommes toute une bande de copains donc nous prenons le meilleur parti de la situation jusqu'a cinq heures. La un orage d'une violence inouie s'abat sur nous pendant une demie heure. Beaucoup de vent, de pluie, de tonnerre. Au debut c'est presque drole, tout le monde continue a danser et les djs a jouer, mais ils doivent s'arreter quand les decorations devant la scene principale s'effondrent, que certains stands s'envolent, et que tout le monde regarde ca ebahi.

Apres la tempete, nous allons constater les degats. Tout est detruit, au campement nous avons de l'eau jusqu'aux genoux, les tentes flottent sur ce qui est maintenant un lac (heureusement nous n'avions pas eu le temps de monter les notres...), et il y a des annonces au micro pour nous dire que toutes les routes sont coupees, que personne ne peut repartir et qu'ils ne savent pas pour combien de temps on est la. Je vous laisse imaginer le desarroi qui s'est empare de moi a ce moment-la: quelles sont les chances que ma maison brule et que trois jours apres le festival ou nous sommes subisse une inondation comme je n'en avais jamais vue? J'avoue que ce moment a ete un peu dur, mais heureusement les amis sont la, ils m'expliquent que ce n'est pas excpetionnel, qu'ils en ont vues d'autres des fetes comme ca, et qu'on va tout rebrancher et y retourner! Ca me rassure un peu et Chris finit par me remonter le moral definitivement en me disant que tous ces evenements font partie du grand huit de la vie. Je lui dis que c'est un peu trop haut et trop bas pour moi la, et il me sourit. "C'est pas grave, si tu veux rentrer en France et retrouver ta vie d'avant ou c'etait plus calme, dis-le et on te ramene." Je le regarde, je lui souris, c'est vrai j'ai le choix, mais pas question. C'est pas toujours facile mais je ne suis pas encore prete a rentrer! "Alors enjoy the ride!", me dit-il. Debout! La musique a ete rallumee au bout de 30 minutes et bien que tout le monde soit sinistre, beaucoup de monde retourne danser. On est tous plein de boue et un peu desorientes mais de toutes facons on est la, alors on va faire ce pour quoi on est venus! Un grand elan de solidarite et de bonne humeur est apparu apres l'orage et finalement ce festival restera memorable et riche.

Retour a Melbourne, reprise du boulot et la c'est la grippe! Je ne peux rien faire a part aller bosser donc mes affaires touchees par le feu attendront un peu, mais rien n'atteindra plus mon moral: on est tous en bonne sante, je suis ou je veux etre, dans ce pays que j'aime tant, et je vis la vie que j'ai choisi. Peu de gens ont autant de chance. Le reste c'est anecdotique...

Voila donc les dernieres nouvelles. La grippe est finie et je suis bien installee dans ma nouvelle maison. Je m'occupe donc de remplacer mes affaires et des demarches administratives, dont refaire mon passeport. A cause des coupes budgetaires et des suppressions de postes de fonctionnaires le seul endroit ou on peut le faire maintenant en Australie c'est Sydney. A cause du passeport biometrique, il faut y aller deux fois, donc je vais me faire deux aller-retours dans la journee. C'est pas super mais bon, pas le choix. J'espere que les delais ne seront pas trop longs car j'arrete de bosser dans deux semaines et des que j'ai mon passeport en main, je prends enfin la route pour Perth!

J'espere que vous allez tous bien. Gardons en tout cas a l'esprit les choses essentielles dans la vie, et pour le reste, let's enjoy the ride...