Voila encore une nouvelle et merveilleuse experience que mon sejour dans une cattle station, ou un ranch si vous preferez. Je suis partie faire du wwoofing a Maroonah Station pendant pres de trois semaines et ca a ete un des meilleurs moments de ce voyage. Mais d'abord, le wwoofing, qu'est-ce que c'est? Ca veut dire Willing Workers On Organic Farms, ou en francais Travailleurs Volontaires dans les Fermes Bio. En gros le principe est de partir travailler dans une ferme, entre 4 et 6 heures par jour, sans etre paye mais en echange du gite et du couvert, et de partager la vie des gens chez qui on est. Tous les endroits sont differents et les taches variees, il y a de bonnes et de mauvaises surprises, mais en general c'est un moment enrichissant ou on partage nos cultures.
Je suis donc arrivee a Maroonah en ne sachant pas trop quoi attendre ni comment j'allais vivre ce sejour puisque a priori la ferme n'est pas mon environnement naturel... :-) Mais le fait d'avoir ma voiture m'a rassuree car je pouvais toujours partir a n'importe quel moment, confort de la liberte...
Comme vous pouvez le voir, la route de gravier qui mene au ranch est tout simplement superbe, et je commence a comprendre a quel point les fermes sont isolees ici. Celle-ci est a 100 km de la route principale goudronnee, la ville la plus proche etant a 400 kms. La ferme est immense, elle couvre un million d'hectares et compte plus de trois mille tetes de betail. Les chiffres sont assez vertigineux pour ne pas en prendre la mesure immediatement. Je m'attendais a trouver au moins une dizaine de personnes travaillant sur place, mais a mon grand etonnement Clint et Shanon, les proprietaires, gerent cela tous les deux, avec l'aide de Wwoofers de temps en temps et d'un travailleur occasionnel. En fait la plupart du travail consiste a s'assurer que les puits sont en bon etat de marche et de maintenir la ferme, les vaches faisant leur vie jusqu'a ce qu'ils les rassemblent une fois par an pour en vendre une partie. Il leur faut six semaines pour les rassembler avec des motos et un avion qui permet de les reperer sur la propriete.
Pour ce qui est du quotidien, l'isolement oblige a etre autonome, donc ils se font livrer les courses, l'essence et le courrier une fois par semaine, l'electricite est alimentee par des panneaux solaires la journee et un generateur la nuit, et pour l'eau on boit l'eau de pluie et tout le reste est puise dans le sol.
A mon arrivee j'ai ete acueillie par les deux chiens de la ferme, Suti et Tontoi, que j'ai vite fini par adopter malgre ma crainte des chiens d'habitude. Leur presence ici prennent tout leur sens et se revele tres rassurante, surtout les jours ou les nuits ou j'etais seule a la ferme...
Le premier jour j'ai aide Clint a decouper une vache qu'il avait tuee pour en faire steaks, rotis, viande hachee, etc. J'ai aussi pas mal cuisine le soir et leur ai fait du hachis parmentier, du boeuf bouguignon, de la soupe a l'oignon, de la tarte aux pommes. des chaussons aux pommes et meme un steak tartare! La viande crue c'est pas trop leur tric, mais c'etait sympa de leur faire gouter un peu de notre cuisine...
Le lendemain Clint m'a emmenee faire un tour sur sa moto puis il m'a appris a tirer au fusil. Ci-dessous mon premier essai dont je ne suis pas peu fiere: il m'a demande de tirer entre le cote gauche et le gros trou du milieu, et voila le resultat! Apres il m'a dit que j'etais prete a tuer un kangourou, et je lui ai dit que je le ferai uniquement si on le mangeais. Hors de question m'a-t-il dit. Il n'aime pas trop ca, "mais si tu veux je decouperai les pattes et les donnerai aux chiens." Bon, pas de kangourou pour moi donc, je ne suis pas au stade de tuer pour le plaisir!
Shanon, Clint et Levi, leur bebe de 6 mois.
Les vaches sont des 'droughtmasters', des 'maitres de secheresse', car comme vous pouvez le voir il n'y a pas grand chose a brouter... Nos vaches francaises ne survivraient pas dans un tel environnement. Meme parmi celles-la, de nombreuses meurent de faim et par deux fois il nous a fallu enlever et bruler des veaux morts et en decomposition dans des abreuvoirs.
un lezard!
Inspection d'un puits, qui est l'activite principale de la semaine, pour voir si tout marche bien.
Les fermes sont super equipees etant donne qu'il faut pourvoir a tous les besoins. Ici leur bulldozer qui permet de tracer des pistes dans la propriete ou de creuser des trous pour y enfouir les dechets. Clint m'a meme appris a le conduire! Prete pour les chantiers!
Dans les annexes de la maison on chauffe l'eau a l'aide d'un bidon et d'un feu de camp, puis un tuyau alimente la douche. Precaire, mais efficace!
Et voila la maigreur des vaches a cause de la secheresse en Australie. En fait elles ne meurent pas de soif car l'eau est puisee dans le sol mais de faim puisqu'arroser un million d'hectares pour y faire pousser de l'herbe est bien sur impossible.
Les deux chevaux viennent aussi dire bonjour de temps en temps.
Mission de la journee: remorquer le bulldozer a l'aide du semi-remorque a l'autre bout de la propriete pour y construire une piste. Clint dans le semi et moi dans le 4x4.
L'interieur du tres vieux camion!
Notre vehicule quotidien pour les travaux dans la propriete.
Sinon j'ai aussi creuse des trous, construit un abreuvoir, appris plein de choses sur la vie a la ferme et surtout passe un excellent sejour ou j'aurais aime rester plus longtemps. Mais le temps m'etait compte et avant de quitter la region je voulais aller faire un peu de wwoofing dans une communaute aborigene. J'ai donc quitte a regrets Maroonah, Clint, Shanon et ce style de vie, mais excitee a l'idee de partager la vie des aborigenes de pres pour la premiere fois et de pouvoir enfin avoir leur point de vue sur cette question epineuse.
Me voila donc partie pour Cape Leveque, au nord de Broome dans le Kimberley, a 'seulement' 1500 kms de Maroonah, ou j'etais deja allee avec Murray il y a deux ans. L'annonce mentionne que c'est une communaute aborigene au bord de la mer, les taches consistant a jardiner et a s'occuper du maintien de la communaute, tous les repas etant pris avec la communaute. Je rencontre mon contact a Broome la veille du depart et, me souvenant de l'etat de la route qui etait deja difficile en 4x4, je lui demande par trois fois si je peux venir avec ma voiture et elle me dit oui. Je me dis donc qu'ils ont du refaire la route et pars le lendemain.
180 kms de piste, encore pire que ce dont je me souvenais, a 30 km/h dans les trous et le sable, j'ai donc mis plus de quatre heures et ai beni le ciel d'avoir eu a changer mes pneus avant de partir de Melbourne. A mon arrivee le mari m'accueille en me disant : "T'es venue avec ca?! Bien joue!" Un peu enervee deja de l'insouciance de la proprietaire de me faire venir dans ces conditions et d'avoir failli y laisser ma voiture, je suis aussi surprise et decue de voir que la communaute consiste en fait de la femme aborigene et de son mari blanc, et c'est tout. Je rencontre Elena, une allemande qui fait du wwoofing aussi et qui m'explique qu'en effet tout le monde est un peu decu en arrivant ici mais entre ceux qui n'ont pas de voiture et sont coinces pour deux semaines, et ceux, comme elle, qui sont trop gentils pour dire quoi que ce soit, ils restent. Je trouve ca inadmissible de faire venir les gens sous de faux pretextes et d'avoir ainsi de la main d'oeuvre gratuite, surtout que l'endroit est en fait une sorte de gite de luxe et on doit faire le menage dans les cabines des touristes le matin, je decide donc de repartir le lendemain. Je n'ai pas de temps a perdre, je ne veux pas cautionner de telles pratiques, et en plus si c'est pour faire ce genre de boulot autant etre payee! En plus le couple etait loin d'etre agreable, et le depart n'est pas tres bien passe...
La plage de Mercedes Cove, la "communaute" aborigene.
Etant partie de Melbourne avec peu d'argent puisque j'ai du attendre mon passeport un mois en ne travaillant que tres peu, il me faut travailler rapidement. La longue route m'a permis de reflechir beaucoup et a ce stade de mon voyage, apres trois ans, mes priorites ont change. L'aventure et la decouverte, c'est sympa mais je commence a avoir besoin d'etre avec les gens que j'aime. Envie d'un peu plus de stabilite et fatiguee d'etre toujours en train de dire au revoir. En plus cette fois il me reste 4 mois sur mon visa et le retour en Australie ne sera pas pour bientot. J'ai donc decide de rentrer a Melbourne et de passer le temps qui me reste avec mes amis, 'a la maison'. Coup de chance, le manager que j'ai engage a la boulangerie pour me remplacer a la boulangerie s'en va le mois prochain et apres un coup de fil a mon patron c'est arrange: Je reprends mon boulot! Je suis ravie et tres impatiente de retrouver tout le monde. J'aurais fait un beau voyage de deux mois et je rentre profiter du quotidien.
lundi 5 juillet 2010
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